Rencontre!(PV Plume de Feu et Océan des Abysse)

-Je ne dirais pas non!

Je souris tout doucement. Bonne nouvelle, je n'avais pas encore fait fuir cette nouvelle connaissance. Rares étaient les chats qui restaient aussi longtemps en ma compagnie. Je n'étais pas repoussant, au contraire! J'étais simplement incompris et je n'avais jamais réussi à bien m'exprimer. Revenant à la réalité, je m'aperçus que mon Lieutenant avait disparu. Je regardai à droite et à gauche, question de voir si ce n'était pas une mauvaise blague. En fait, j'avais peut -être parlé trop vite. Je m’accroupis au sol et renifla l'odeur de Plume de Feu. Il avait sûrement senti une proie, ou quelque chose comme ça. Tranquillement, je pistai l'odeur du matou et j'arrivai aux Montagnes Endormies. J'aperçus le jeune mâle à côté d'un arbre, tout sourire. Une pensée me frappa. Peut -être avait -il engagé une course -poursuite avec son Esprit, c'est pour cela qu'il m'avait quitté précipitamment! Esprit ... Je sentis le dard planté dans mon coeur remuer. Juste repenser à son doux pelage blanc crème, ses beaux yeux verts! Elle me manquait atrocement et chaque fois que je repensais à elle, je me sentais mal. Mais je dois me ressaisir. Je dois honorer la promesse que je lui ai faite. Je ne devrai jamais plus verser de larme pour elle. Le sifflement de Plume de Feu me sortit de mes pensées. Ah oui, la chasse. Cela m'était sortit de la tête. En trois foulées, je rejoignis mon Lieutenant. Je m'assis près de lui et je levai mon museau en l'air. Je sentis une grive et un campagnol. Me relevant, je proposai au matou:

-Je te propose de prendre la grive et je m'occupe du campagnol. Disons que cet arbre est notre point de rencontre. La chasse ira plus vite à deux!

Le rouquin me signala son accord et je partis à la recherche de ma proie. J'aperçus bientôt le petit campagnol. Je me tapis au sol et repris le même manège que plus tôt dans la matinée. Je bondis, mais trop tard, l'animal avait disparu parmi les buissons. Je trouvai plus sage de ne pas le pourchasser et je me mis en quête d'une autre proie. L'odeur d'une souris chatouilla mon nez et fit gargouiller mon ventre. Je me fixai un objectif de quatre proies avant de manger.

Beaucoup de battements d'ailes plus tard, j'étais revenu près de l'arbre. Plume de Feu arriva par l'autre côté. J'avais atteint mon objectif. Une musaraigne, deux mulots et une souris. Je vis que Plume de Feu en avait la même quantité. Il me rejoignit rapidement et déposa des proies près des miennes. «Il nous faudrait plusieurs allers retours pour tout rapporter au camp», pensais -je pour moi -même.

Je ne ressentais qu'une seule chose. Qu'une seule sensation, qu'un seul pressentiment. Une seule démangeaison sous ma peau. La peur. Je ne l'avais jamais ressentie, mis à part ce maudit jour, que je m'étais promis d'oublier et d'effacer pour qu'il n'en reste aucune trace. Je n'avais jamais ressenti le besoin de fuir, de courir. Aucun n'avait jamais attenté à ma vie. J'étais seul, à présent. Personne pour me protéger, personne pour me réconforter, me dire que tout irait bien. Elle m'avait laissée sans défense, sans protection dans un monde où l'on ne peut se le permettre. Elle ne m'avait laissé que cette douleur à laquelle me raccrocher. J'avais réussi à l'oublier. Oh oui. Mais elle était revenue à mon esprit. Puis, une pensée, lucide et claire, précise et enivrante. J'allais bientôt la rejoindre! Je n'aurai plus jamais à me sentir dépouillé, délaissé et seul! Je n'avais plus peur maintenant, parce que je la reverrais tellement vite! Nous serions réunis, comme nous l'étions avant. Non. Je n'avais plus peur et je ne ressentirais plus jamais cette sensation. Je n'avais qu'à attendre qu'un de ses chiens m'attrapent et me tuent. Je n'aurai pas mal, je ne lutterais pas. Soudainement, le décor changea. Je me retrouvai dans une vaste clairière, sous une pleine lune brillante et resplendissante. Étais -je déjà mort? Peut -être bien. Plus rien n'importait, à présent. Je ne serais plus un fardeau. Un grand courant d'air se souleva et je dus fermer les yeux. Lorsque je les rouvris, je La vis. Souriante et belle, comme avant. Elle n'avait pas beaucoup changé, elle était juste un peu plus grande, comme si elle avait grandi avec moi. Je l'avais toujours senti, sans vraiment le savoir. Une larme amère et salée roula sur ma joue. Elle plongea ses yeux verts pales, si beaux, si expressifs, dans les miens. Elle n'avait rien perdu de sa joie de vivre. Toujours sautillante et magnifique. Son sourire s'effaça un peu, comme si elle voulait me dire quelque chose. Ma Passion s'approcha tout doucement de moi, d'une démarche dansante, presque comme si elle ne touchait pas le sol. Elle perdit complètement son sourire et adopta un air grave, triste, comme le jour de l'Accident. Elle continua à s'approcher de moi jusqu'à s'arrêter à une demie-queue de renard de mon visage.

«Petite Passion ... »

Ma Passion posa le bout de sa queue sur ma bouche et me dit d'une voix qui faillit me faire fondre:

«Tu avais bien raison, mon Océan. Je t'ai toujours accompagné, je ne me suis jamais lassée de t'observer. Je t'ai vu grandir dans la joie de l'apprentissage. J'étais heureuse, parce que tu étais heureux! J'avais réussi à te changer! Tu n'étais plus le petit chaton colérique, méchant et égoïste que tu étais. Mais ... tu as retrouvé toute la douleur de ma disparition en devenant guerrier. Tu t'es rendu pleinement compte de mon absence. Tu es devenu malheureux, triste et tourmenté. Tu as perdu tes amis, ta raison. J'aurai voulu que tu m'oublies, que tu me chasses totalement de ta pensée! J'aurai voulu que tu te trouves une compagne, que tu ais des chatons! Ce que je vais te dire risque de te faire mal. Risque aussi de te surprendre. Je ne peux pas te laisser mourir, juste pour me rejoindre. Je ne compte pas pour une vie terrestre! Tu as tant de choses à connaître, à vivre avant de mourir. Je veux ton bonheur. Je sais que tu penses que je t'ai laissé sans défense ni protection, tout ce temps. Mais je te l'ai dis, j'ai toujours veillé sur toi, quoi qu'il te soit arrivé. J'ai toujours fait attention à ce que tu ne ressentes pas la peur. Et je te protègerais toujours, pour le reste de ta vie. C'est quelque chose d'inusité, pour un Esprit et un chat, de rester en contact. Mais nous étions liés, très puissamment liés, toi et moi, et nous le serons encore longtemps. Tu n'es pas prêt à mourir, crois -moi.»

Cela me fit comme une douche froide. Elle avait raison! Je devais me battre, pour l'honorer elle qui se battait pour moi. Elle aurait fait pareil, si j'aurai été l'Esprit. Je devais lui faire confiance et me faire confiance. Je la regardai à nouveau et elle souriait. C'est ce sourire que je conserverais à jamais dans ma mémoire, pour l'éternité. La forêt réapparut autour de moi et je vis une masse noire, gigantesque foncer vers moi. Plume de Feu avait disparu et je compris qu'il s'était caché, ou avait usé de son pouvoir. Je décidai de faire confiance à mon Ange Gardien et je fermai les yeux, attendant la suite des choses. Au moment où le molosse aurait du ne faire qu'une bouchée de moi, rien ne se produisit. Je rouvris un œil, puis deux, pas trop sûrs. Les trois chiens étaient étalés devant moi, comme vidés d'eux -mêmes. Je battis plusieurs fois des yeux. Je serais bien obligé de raconter cela à mon Lieutenant, qui n'avait sûrement rien manqué de la scène.