Le Vent dans la fourrure. [Libre.]

- T'fais quoi ?
- Tu t'emm*rdes à ce point ?

Dove me regarde, d'un air endormi. Le vent souffle comme un dingue. Il fait froid, et humide. Mes coussinets sont gelés. Et moites. Rien à faire ; rien. L'odeur du lait est insoutenable. C'est comme une langue tiède et poisseuse qui s'immiscerait perversement dans mes narines. Les jeunes dorment. Les reines aussi. J'suis donc la seule à ne pas dormir ? Ou du moins, à ne pas somnoler ?
Dove, stand up please, ça me gave. On va faire un tour.
J'entendis un vague grognement de mécontentement. Trop tard, déjà dehors. Une bourrasque me claque sans pitié sur le museau. Gelée, chargée de micro-particules d'eau. Mes poils se hérissent.Tellement nettement que j'aurais pu les compter. Mon pelage danse. Mes moustaches donnent l'impression de vouloir s'envoler. Sourire. Ça promet.

- Tu vas où, encore ?
- Je n'sais pas. On a qu'à suivre la lumière.
- Cann'.
- Quoi ?
- T'es c*nne.
- Je sais. Merci.

Je sais juste qu'on avance. La lande est balayée par des rafales défiant toute imagination. Des lambeaux de brume filent comme des comètes entre nos pattes, pareils à des fantômes. Le vent hurle. L'atmosphère, flippante. Le jour des fantômes, oui. Tout est gris ; gris et froid. Dove à l'air maussade. Dove n'aime pas l'hiver.

- Allez, boude pas ma belle, pour une fois qu'on fait le mur sans se faire prendre.

No answer. Dove boude. Dove est ch*ante.
Le brouillard commence vraiment à se lever. Les lambeaux deviennent rideaux. Ils se panachent fièrement, enflent tels des ballons, grossissent, encore, toujours. Je ne vois plus à trois mètres. Je me tourne ; je la cherche. Rien. Je suis seule.
Te matérialise pas, surtout.
Rien non plus. Pff. Je me ferais bouffer par un blaireau qu'elle en aurait rien à cirer. Mon agacement doit être palpable. J'agite mécontentement mes moustaches.
...
Bon, solow'. Je continue. Je ne vois plus, je n'entend rien. Cette fichue brume brouillent mes sens. Je n'ai pas peur. Oh, jamais peur.